L'Histoire en Direct...
" Bonsoir c'est Rémi Billardon, en direct sur France Culture. Je reçois Paul Payan dans mon émission, l'Histoire en Direct, Paul Payan vous êtes Professeur à l'Université d'Avignon, en Histoire médiévale, et vous avez travaillé ces dernières années sur les ordres mendiants. Vous dites que les ordres mendiants étaient populaires au Moyen-Âge.
Très populaires. Au XIIIe siècle c'est un élan formidable, un renouveau du christianisme, etc. Les ordres mendiants font de la mendicité une vraie valeur, une règle de vie puisqu'ils ne doivent rien posséder en propre ; ils ne doivent vivre que de l’aumône. Les Franciscains, les Dominicains, les Carmes, les Augustins pratiquent ce mode de vie et dans le même temps procurent aux riches qui commencent à peupler les villes à ce moment-là une voie de salut. Parce que l'argent c'est toujours un peu gênant dans l'univers intellectuel du christianisme.
Le mendiant, et les ordres mendiants en général, permettent aux riches de faire l’aumône. Ceci, d'ailleurs, de façon un peu paradoxale, parce que le mendiant devient une figure relativement valorisée ; mais à condition qu'il reste mendiant. Parce que justement, il contribue à faire l'aumône. Qui contribue à faire le salut. Oui mais alors c'est-à-dire, c'étaient des sans-abris et... Hé, sans-abris non justement.
Parce que, à la différence d'aujourd'hui, au Moyen-Âge c'était très facile de trouver un toit. On ne laisse pas dormir quelqu'un dans la rue. Il y a toujours un couvent, il y a toujours un hospice, il y a toujours une grange où on peut dormir. On ne laisse pas dormir dans la rue. C'est une époque où les relations entre les êtres humains sont marquées par une très grande violence mais laisser quelqu'un dormir dehors, non. Au XIIIe siècle on n'est pas sans-abri.D'ailleurs on les appelle d'un nom révélateur, les vit-partout.